Suivez mon œil

Ma photo aujourd’hui 10 Juin 2021

Depuis une dizaine d’années ma famille et moi vivons sur le canal qui va de Londres, Angleterre, jusqu’à Birmingham, (si ça ne vous dit rien, prenez une carte, c’est toujours bon d’apprendre quelque chose de nouveau, pour les anciens il semblerait que c’est la seule façon de ralentir l’Alzheimer).

Je disais donc pour brosser le tableau, et fixer vos idées, si, par hasard vous avez déjà décidé de ne pas continuer la lecture, nous vivons sur l’eau, Ma femme Daisie, son cousin Marcel et moi, Donald. Nous avons la chance d’être dans un coin idéal. Il y a l’eau, bien sûr, beaucoup de verdure, peu d’habitations, et un Pub.

Et quel Pub ! Sur le bord du Grand Canal du Nord, avec toutes les péniches amarrées à l’année et les barges qui remontent chargées de marchandises, ceux qui ont la chance d’y déjeuner en terrasses sont parmi les grands chanceux de ce monde.

A l’heure du déjeuner, entre 12 et 13 heures, c’est là que nous arrivons tous les trois et attendons que les chalands soient servis. Aujourd’hui nous sommes arrivés tard sur le coup des 2 heures, toutes les tables étaient prises, jolies sous leurs nouveaux parasols verts. Nous avons eu le plaisir de retrouver Ma Mère l’Oie, qui est originaire du Canada et installée sur le canal et ses bords depuis aussi longtemps qu’il m’en souvienne.

A l’arrivée elle nous a dit que c’était pas un bon jour vu que personne ne balançait rien. Mais il y avait une dame Française à qui nous sommes montés dire bonjour et qui a eu la gentillesse de nous envoyer presque toutes les frites de son assiette. Un peu d’exercice s’en est suivi quand il y a eu un peu de compétition pour les attraper avant la mère l’oie qui pédale très vite. Mais ça, c’était le « fun » comme on dit chez elle au Canada.

Ce qui a été moins "fun" c’est quand tout à coup Herbert est arrivé. Il pédale après ma femme depuis son arrivée dans le coin il y’a 8 mois. C’est un rescapé de la casserole. Le restaurant l’avait inscrit au menu, un essai, il n’y avait pas de canard au menu avant et manque de chance pour eux et bonne chance pour lui, deux mois de confinement et jusqu’à cette semaine, tous les pubs fermés jusqu’à « nouvel ordre ».

Vu la grande proximité du canal on l’a laissé s’installer dans le coin. Et depuis, il me pourrit la vie. Il en a après ma femme et nous nous affrontons tous les jours. J’ai mis une photo avec ce texte où vous voyez que je le suis de l’œil gauche. Chez nous, palmipèdes, on peut avancer sur l’eau, sur terre ou voler. C’est ce que je fais. Je nage un peu, prend mon élan, m’envole, et lui tombe dessus en piqué. Vu que d’un oeil il suit les mouvements de ma femme et de l’autre qu’on lui lance à manger il oublie de regarder en l’air et quand je lui tombe dessus, « à nous deux, mon gaillard », J’ai toujours l’avantage, je suis plus vieux et plus gros aussi.

Pendant le confinement se nourrir a été plus conventionnel, le pub avait fermé. Et les riverains ne sortaient plus. Avec la réouverture la bouffe n’est plus ce quel était il y a eu le Brexit et tous les bons cuisiniers Européens sont repartis dans leur pays. J’ai suivi la dame Française quand elle s’est levée pour partir, la patronne lui a demandé, est ce que ça a été et la Française lui a demandé s’il elle avait changé de cuisinier. Il lui a été répondu que oui, les bons étaient Européens et ils sont tous rentrés chez eux et elle a ajouté « les pro Brexit se plaignaient que les européens leur prenaient le ravail, mais de ce genre de travail ils n’en veulent pas, c’est trop dur, alors pour trouver quelqu’un c’est l’enfer. Même mon mari s’est mis à la vaisselle, vous vous rendez compte ».

La Française a abondé dans ce sens mais elle s’est retenue de lui dire qu’à la prochaine visite de son cousin et de sa femme c’est pas dans ce pub, "The three horses shoes" qu’ils iront fêter leurs retrouvailles.

Londres, le 10 juin 2021