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La Savoie

 

Souvenir drôle ? Tu veux mon frère - ( à dire avec l’accent pied -noir)- alors Voilà : Chindrieux Rigolet, en Savoie, 1948/1949.

Je ne mangeais rien, toute la famille s’en rappelle, j’ai retrouvé une lettre de mon père à cette époque qui le prouve.

Le docteur a dit : « il faut qu’elle change d’air ».

Alors, cet été-là, Jojo, Vivi, Jacky, Maman et moi, nous embarquons sur le Ville d’Alger en partance pour Marseille. Et là, maman ayant le mal de mer dès le départ, (je ne plaisante pas, c’était l’odeur dans nos cabines, odeur que j’ai encore dans le nez quand j’y pense, car bien sûr on n’était pas en 1ère classe et il n’y avait pas de hublot, on n’était pas sans le sou, mais presque).

« Essayez de suivre les pensées d’une dyslexique, si vous y arrivez je vous paye le restaurant dès mon retour... »

Donc, maman a le mal de mer, le reste de la troupe monte sur le pont, on s’assoit, et l’air de la mer aidant je dis à ma tata Vivi, ma seconde maman : « J’ai faim ».

Moment HISTORIQUE.

La pauvre, elle n’avait rien que du Pain d ‘Épices. J’ai adoré, j’ai englouti, et à partir de ce moment-là, manger étant devenu un grand plaisir dans ma vie, j’ai commencé à collectionner les personnes qui savaient le mieux exciter mes papilles.

Nous arrivons à Marseille pour embarquer presque aussitôt sur le train paquebot, en route vers la Savoie. Ah ! Chambéry, la fontaine des trois sans culs, des éléphants de bronze, Annemasse et ses glaces à l’abricot, Genève et la Suisse où Jacky avait, je crois, un parrain, (corriger si je me trompe) et enfin à Chindrieux-Rigolet, la pension Godard, pension de famille et ferme que mon père avait découvert Dieu sait comment. Mais… on mangeait divinement. Soupe à l’oseille, inconnue à Alger, quenelles de Brochet, millefeuilles maison. Crème pâtissier. Et le Pain ! Un miracle, sa croûte croquante, madame Goddard faisait son pain trois fois par semaine, je n’ai jamais retrouvé un pain d’une telle saveur.

Bon retournons à nos oignons.

Dans le train où sauf Jojo on était tous plus ou moins nauséeux, on tanguait encore. Vivi avait installé le petit Jacky dans le filet au-dessus de nos têtes, mais pas longtemps car lui aussi était plus heureux assis, sur les genoux de Jojo, près de la fenêtre. Le voyage fut long et il fallait changer en route à CULOZ.

Juste avant d’y arriver Jojo décide d’aller aux toilettes pour se raser. Il part, nous on reste bêtement assis, Jojo, c’était l’homme, l’adulte, nous, femmes et enfants, n’ayant jamais quitté notre bled, sommes dans l’ignorance complète des détails d’un voyage, un travail d’homme « Georges et Jojo ».

Et voilà qu’on entend vaguement une annonce.

« CULOZ, deux minutes d’arrêt, buffet ». Le buffet étant un type poussant un charriot avec des sandwiches et des boissons, je sais que vous connaissez, vous, voyageurs aguerris. Tata Vivi ayant été secrétaire pendant la guerre était la plus vive, elle réagit.

« Il faut descendre »

On plie bagage, on prend les enfants, et Jojo? On frappe à la porte des toilettes, Il sort, le visage plein de mousse à raser, Et c’est ainsi que courant à travers la gare de CULOZ pour prendre le tortillard de Chindrieux, sur lac, figurez-vous, nous avons fait notre première entrée en Savoie.

Cinquante ans plus tard, Jojo, Vivi et moi on en rigolait encore… (à suivre, l’épisode avec Édouard Laskar, jeune homme et mon oncle Gilbert de Paris)

Londres, le 17 janvier 2021

 

 

 

Gloria Lasso - Quizas quizas quizas