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Y aller ou pas ?

 

J’ai horreur de la pluie.

Pour vous la faire littéraire : « de la pluie j’ai horreur, horreur de la pluie j’ai, pluie horreur j’ai » vous voyez que j’ai des lettres et aussi, que j’ai bien réfléchi à la question, quand il s’agit de la pluie c’est toujours la même : « y aller ou pas ? »

Je dis que j’ai horreur de la pluie, la vérité vrai c’est que j’ai une sainte horreur de l’eau, sous toutes ses formes, sauf, restriction sur la qualité de l’eau. Une fois j’ai ai bu et elle m’a guéri d’une saloperie que j’avais avalée, car lorsqu’il s’agit de nourriture je ne suis pas regardant. (Je vous expliquerai plus tard de quelle eau il s’agit, et non, vous mes lecteurs alcooliques invétérés il ne s’agit pas d’eau de vie.)

Retournons à la pluie car la pluie c’est de l’eau et de l’eau je n’en suis pas fana non plus. L’eau c’est fait pour se laver disait l’oncle Gilbert, alcoolique professionnel. Je ne suis pas d’accord. Pour se laver je me contente de ce que Denise appelait « une toilette de chat », mais qu’est-ce qu’elle en savait ?

L’eau, c’est pas mon fort, et la pluie je déteste. Je peux la contempler en restant devant la porte fenêtre qui donne sur le jardinet et je pense « j’ai besoin de me dégourdir les pattes et en vérité j’ai besoin de me soulager, si vous voyez ce que je veux dire.

La porte du jardin n’est jamais ouverte parce que neuf fois sur dix il fait très froid, mais quand il pleut, alors là, elle est fermée à clef. Pourquoi ? Je n’en sais rien, vous pouvez toujours leur demander.

C’est comme ça depuis mon adoption. Comme si je pouvais l’ouvrir. Moi ! Par quel miracle serais-je en mesure de le faire ? Quand il pleut je m’installe aussi confortablement que possible sur le canapé du salon, celui sous la fenêtre parce qu’il y a plus de lumière. Je m’installe, je m’étire, je pense, est ce que cette saloperie va cesser ? D’après les prévisions de la météo j’ai entendu qu’on en a pour toute la semaine. Bon, patience, c’est bientôt l’heure du déjeuner.

Je suis fatigué de cette attente. Je suis fatigué de ne pas pouvoir m’agiter. J’ai pourtant grimpé les escaliers à toute vitesse quatre fois ce matin, mais ça ne suffit pas. Je vais à la cuisine renifler ce qu’il y a pour déjeuner. Je m’approche du chef Alan. Ah non, dit il, je ne te veux pas dans mes pattes. Il rigole, et les miennes alors !

Bon, à cause de moi dans ses pattes il vient de faire bruler les toasts, l’alarme du feu se déclenche. Vite, vite, il ouvre la porte du Jardin. Il pleut des cordes, mais tant pis, l’attraction est trop grande, et la pluie ça me donne toujours envie de pisser. Tant pis, j’y vais.

Je me précipite dehors, je cours, je grimpe sur le pommier. Les branches m’abritent et je peux me défouler en grattant l’écorce, le canapé du salon, c’est interdit, j’ai payé pour le savoir. Elle m’avait foutu dehors, malgré la pluie pour me donner une leçon que je n’ai pas oubliée.

La, seul avec mes pensées, mes espoirs, y aurait il un seul oiseau assez courageux, malgré le pluie, pour venir jouer avec moi au chat et au moineau. Je sais on dit au chat et à la souris mais les souris, je ne touche pas, on ne sait jamais quels germes elles transportent.

Mais qu’entends-je ? C’est lui qui secoue la boîte de mes friandises préférées pour me faire rentrer. Alors je cède à la tentation. Ces biens nommés « les irrésistibles », j’en suis fou.

Je rentre, un peu mouillé, je me frotte contre ses jambes pour me sécher. Alors il me prend dans ses bras, m’appelle son petit chéri parce qu’il croit que c’est par affection que je me frotte. Qu’ils sont bêtes quand ils aiment les humains, et moi, il m’adore. Tant mieux, je suis tombé dans une bonne maison. Mais j’ai toujours le même sentiment vis à vis de la pluie car elle m’oblige à me servir de la litière et la litière, pour mes pattes, c’est dégoutasse et j’en fout partout. Alors, y aller où pas, quand il pleut c’est définitivement PAS !

Londres le 12 Mars 2021

 

 

 

Dalida - Come prima