Jo - Vy

L'Algérie de Jacky
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Jo
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Nice, le service militaire

A force à force, vint l’âge du service militaire. Ou plutôt Jona n’attendit pas l’âge. Il préféra devancer l’appel d’un an, à vingt ans au lieu de vingt et un pour pouvoir choisir. Il voulait Nice. Il choisit Nice. Et fut versé dans les chasseurs alpins. Les Chasseurs Alpins ! Vous-vous rendez compte ? Les Chasseurs Alpins ? Pour un petit juif d’Algérie ? Mais il aima ça aussi.

Il envoya une photo de lui sur des skis avec comme commentaire : « Dire qu’il y en a qui font ça pour le plaisir ! » Mais il n’était pas mécontent. Ca lui faisait de l’exercice. Et il aimait ça, l’exercice. Le grand air.

Il était très bon tireur. Il gagna une médaille de tireur d’élite. Il aimait l’exercice. Même militaire. Un jour, il créa un émoi : entraînement de lancer de poids. On commence par la main faible. La main gauche pour les droitiers, la main droite pour les gauchers. Tout le monde lance le poids de la main faible. Jona fait un score incroyable ! Tout le monde attend le lancer de la main forte. Même le capitaine est là qui attend. Et « tchouffa ! ». Le poids s’écrase aux pieds de Jona. Rappelez-vous que c’était un gaucher contrarié…

Après les classes, il trouva la meilleure place possible : secrétaire du général. A Nice ! Il était fier. Vous- vous rendez compte ? DU GENERAL ! Et là, il se fit un nouveau copain. Un nommé Jacques, le chauffeur du général. Et là, devinez quoi ? Ils avaient monté une combine entre eux, je vous dis pas !

Jona faisait de fausses permissions. Forcément, c’est lui qui faisait les papiers du général… Et le soir, Jacques et Jona partaient en toute légalité, avec de véritables permissions, avec le cachet et tout et tout et prenaient, devinez quoi ? La voiture du général ! Avec le fanion, et tout et tout ! Vous imaginez deux jeunes de vingt ans avec une voiture de général à Nice ! Dans les années trente ! Mille neuf cent trente-cinq, exactement. Ils devaient super en profiter !

Profite, profite, Jona ! Les années noires sont encore loin !

Ah oui ! Que je vous dise quand même une chose : Ce Jacques, le chauffeur du général, qui avait dévergondé Jona. Il s’appelait Jacques Médecin. Oui ! Le fils du maire, Jean médecin. Qui allait devenir lui-même maire de Nice avant de finir en exil à l’étranger, poursuivi par la police pour malversations…

On n’a jamais su exactement ce qu’ils faisaient, à Nice. Oh, sûrement pas des trucs graves. Ils devaient faire des trucs de jeunes de vingt ans sans le sou. Mais de cette époque mûrit chez Jona un amour indéfectible pour Nice et la Côte d’Azur, ce qui fait que, nous les gosses, vingt ans après et plus, nous passâmes toutes nos vacances en famille à Nice et sur la Côte ! Mais n’anticipons pas.

1936. Vint le Front populaire. Jona ne le sentit que de loin. On est préservé des mouvements sociaux quand on est à l’armée. Mais une chose : quand il revenait en permission, au fil du temps, il voyait la petite Yvette Hazan grandir et devenir une vraie jeune fille… Belle, avec ça ! Mais pour l’instant, les petites de Nice…

Voilà. L’armée se finit. Deux ans et demi, le service militaire, à l’époque. Mais bon, que des bons souvenirs de cette époque. Démobilisé, Jona rendit son uniforme. Il ne le remettra plus. Erreur ! Erreur, Jona ! ! !

Revenu à Alger, il est repris automatiquement à la SGS. Le service militaire n’est pas une démission, n’est-ce pas ? Il revient vivre chez ses parents. A l’époque, on ne quitte ses parents qu’au mariage. Et encore ! Quand on a les sous pour être indépendants. C’était pas rare les maisons où cohabitaient deux, trois, voire quatre générations…

 

 

Sidney Bechet - dans les rues d'Antibes