Je
bivouaque au pays de Cocagne
L'arc-en-ciel d'un
quart d'heure
Le cauchemar
Le fidèle
absolu
Le mérinos
Le petit-fils d'Oedipe
Le pince-fesses
Le sein de chair et le sein de bois
L'enterrement de Paul Fort
Les croque-morts améliorés
Les voisins
L'inestimable sceau
Une ombre au tableau
Jean rentre au village
La guerre
Les radis
Charlotte ou Sarah ?
Discours des fleurs
La file indienne
Le cœur à l'automne
Le vieux fossile
Une petite Eve en trop
Vandetta
Cet arc-en-ciel qui nous étonne,
Quand il se lève après la pluie,
S'il insiste, il fait monotone
Et l'on se détourne de lui.
L'adage a raison : la meilleure
Chose en traînant se dévalue.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Personne ne l'admire plus.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Est superflu.
Celui que l'aura populaire
Avait mis au gouvernail quand
Il fallait sauver la galère
En détresse dans l'ouragan,
Passé péril en la demeure,
Ne fut même pas réélu.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Personne ne l'admire plus.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Est superflu.
Cette adorable créature
Me répétait : "je t'aime tant
Qu'à ta mort, sur ta sépulture,
Je me brûle vive à l'instant !"
A mon décès, l'ordonnateur(e)
Des pompes funèbres lui plut.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Personne ne l'admire plus.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Est superflu.
Ce cabotin naguère illustre,
Et que la foule applaudissait
A tout rompre durant trois lustres,
Nul à présent ne sait qui c'est ;
Aucune lueur ne demeure
De son étoile révolue.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Personne ne l'admire plus.
L'arc-en-ciel qui dure un quart d'heure
Est superflu.
Sa majesté n'avait pas l'air d'un Cypriote,
D'un Belge, un Suisse, un Ecossais,
Mais tout bonnement hélas ! d'un d' nos compatriotes,
Dans mon rêve le roi des cons était Français.
Quand un olibrius portait une couronne,
Tous en choeur on applaudissait,
Nous les fiers descendants du général Cambronne,
Dans mon rêve où le roi des cons était Français.
Et tous comme un seul homme, on courait à l'embauche
Dès qu'un botteur de culs passait,
Tendant les miches à droite, tendant les miches à gauche,
Dans mon rêve où le roi des cons était Français.
Dupont, Durand, Dubois, Duval, Dupuis, Duchêne,
A nos fusils la fleur poussait,
Toujours prêts à nous fair' descendre à la prochaine,
Dans mon rêve où le roi des cons était Français.
On prenait la Bastille, et la chose étant faite,
Sur la plac' publique on dansait,
Pour en bâtir une autre à la fin de la fête,
Dans mon rêve où le roi des cons était Français.
Entre deux coups de chien, on s'occupait de fesses,
On s'embrassait, on s'enlaçait,
Afin que des cocus continuât l'espèce,
Dans mon rêve où le roi des cons était Français.
Quand je sautai du lit, que j'entendis la somme
De balivernes qui florissaient,
J'eus comme l'impression d' êtr' pas sorti d' mon somme,
De mon rêve où le roi des cons était Français.
Sa majesté n'avait pas l'air d'un Cypriote,
D'un Belge, un Suisse, un Ecossais,
Mais tout bonnement hélas d'un d' nos compatriotes,
Dans mon rêve le roi des cons était Français.
Le seul arbre qu'il connaissait
Sous sa fenêtre florissait.
C'était le rustique absolu,
L'homme d'un seul jardin, pas plus.
Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Coureurs de forêts vierges,
Regardaient, étonnés,
Ce bonhomme enchaîné
A sa tige d'asperge.
Bonhomme sais-tu pas
Qu'il existe là-bas
Des forêts luxuriantes,
Des forêts de Bondy,
Des forêts de Gasti-
ne et de Brocéliande ?
Et l'homme répondit
"Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m'emporte
Si je m'en vais chercher
Au diable ce que j'ai
Juste devant ma porte."
Je n'ai vu qu'un seul arbre, un seul, mais je l'ai vu,
Et je connais par coeur sa ramure touffue,
Et ce tout petit bout de branche me suffit :
Pour connaître une feuille, il faut toute une vie.
Si l'envie vous prenait de vous pendre haut et court,
Soyez gentil, ne vous pendez pas à mon arbre !
Il n'avait jamais voyagé
Plus loin que l'ombre du clocher.
C'était l'autochtone absolu,
L'homme d'un seul pays, pas plus.
Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Tous les gens du voyage,
Regardaient étonnés
Cet être cantonné
Dans son petit village.
Bonhomme sais-tu pas
Qu'il existe là-bas,
Derrière tes montagnes,
Des pays merveilleux,
Des pays de cocagne
Et l'homme répondit :
"Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m'emporte
Si je m'en vais chercher
Au diable ce que j'ai
Juste devant ma porte."
Je n'ai vu qu'un village, un seul, mais je l'ai vu,
Et ses quatre maisons ont su combler ma vue,
Et ce tout petit bout de monde me suffit :
Pour connaître une rue, il faut toute une vie.
Si l'envie vous prenait de tirer le canon,
Soyez gentil, ne tirez pas sur mon village.
Il n'avait jamais embrassé
Personne que sa fiancée.
C'était le fidèle absolu,
L'homme d'un seul amour, pas plus.
Et les globe-trotters,
Et les explorateurs,
Friands de bagatelle,
Regardaient étonnés
Ce bonhomme enchaîné
A son bout de dentelle.
Bonhomme sais-tu pas
Qu'il existe là-bas
Des beautés par séquelles,
Et qu'on peut sans ennui
Connaître mille nuits
De noces avec elles ?
Et l'homme répondit :
"Je le sais bien, pardi,
Mais le diable m'emporte
Si je m'en vais chercher
Loin d'ici ce que j'ai
Juste devant ma porte."
Je n'ai vu qu'un amour, un seul, mais je l'ai vu,
Et ce grain de beauté a su combler ma vue,
Et ce tout petit bout de Vénus me suffit :
Pour connaître une femme, il faut toute une vie.
Si l'envie vous prenait de courir les jupons,
Soyez gentil, ne courez pas après ma belle.
Oh non ! tu n'es pas à la noce
Ces temps-ci, pauvre vieux mérinos.
Si le Rhône est empoisonné,
C'est toi qu'on veut incriminer.
Les poissons morts, on te les doit,
Bête damnée, à cause de toi,
Tous les abreuvoirs sont croupis
Et les poules ont la pépie.
C'est moi qui suis l'enfant de salaud,
Celui qui fait des ronds dans l'eau,
Mais comme j'ai pas mal de culot,
Je garde la tête bien haute.
Car si l'eau qui coule sous les ponts
D'Avignon, Beaucaire et Tarascon,
N'a pas toujours que du bon
Mon Dieu ! c'est pas ma faute.
Plus de naïades chevelues,
Et plus de lavandières non plus,
Tu fais sombrer sans t'émouvoir
L'armada des bateaux lavoirs.
Et le curé de Cucugnan
Baptise le monde en se plaignant
Que les eaux de son bénitier
Ne protègent plus qu'à moitié.
A la fontaine de Vaucluse,
Plus moyen d'taquiner les muses
Vers d'autres bords elles ont fui
Et les Pétrarques ont suivi.
Si la fontaine de Jouvence
Ne fait plus d'miracle en Provence,
Lave plus l'injure du temps,
C'est ton oeuvre, gros dégoûtant !
Oh non ! Tu n'es pas à la noce
Ces temps-ci, pauvre vieux mérinos,
On veut te mettre le fardeau
Des plaies d' l'Egypte sur le dos.
On te dénie le sens civique
Mais calme, fier, serein, magnifique,
Tu traites tout çà par dessous
La jambe. Et puis baste ! Et puis zou !
Papa m'envoie quérir cent sous de mortadelle.
Empochant la monnaie, moi je file au bordel(e).
"Où vas-tu mon garçon de cette' allur' fougueuse ?"
Me lance grand'maman. "Je vais courir la gueuse."
"Il est inconvenant de fréquenter les putes.
Tu m'en donn's la moitié, juste et tu me culbutes."
"Quoique j'atteigne hélas un âge canonique,
A bien des jeun's au pieu je fais encor' la nique."
"D'abord ça te permet quelques économies,
Et puis le patrimoine sort pas de la famille."
J' tends mes deux francs cinquante à cette bonne vieille ;
Ce fut un' bonn' affaire : ell' baisait à merveille.
Le père, à mon retour, me demande : "Où est-elle ?"
Le bâfreur attendait son bout de mortadelle.
En voyant la portion que je mis sur la table,
L'auteur d' mes jours poussa des cris épouvantables.
Il parlait de botter dans la région fessière
Cell' qui n'en pouvait mais, la gente saucissière.
Il ouvrit un museau de carpe suffocante,
Quand il connut l'emploi des aut's deux francs cinquante.
"- T'as baisé ma maman, petit énergumène."
"- T'avais qu'à commencer par pas baiser la mienne."
Mon argumentation vous lui coupa la chique
Les Français ne résistent pas à la logique.
Depuis, bibliquement, jusqu'à c' qu'ell' rende l'âme,
Je connais ma grand'mère et baste à qui me blâme.
Quand la hausse des cours devient extravagante,
Mémé bloque son prix : toujours deux francs cinquante.
Mais si mon père est pris d'un' fringale de saucisse,
Il va l'acheter lui-même, excellent exercice !
Du coup j'ai plus d'argent ; de peur que je n'en vole,
Grand'mèr' m'accorde alors ses faveurs bénévoles.
Pour qu' la moral' soit sauve et qu' la chanson finisse,
jJ bais' grand'mère à l'œil ; le bon Dieu la bénisse !
Pour deux ou trois chansons, lesquell's je le confesse
Sont discutables sous le rapport du bon goût,
J'ai la réputation d'un sacré pince-fesses
Mais c'est une légende, et j'en souffre beaucoup.
Refrain
Les fesses, ça me plaît, je n' crains pas de le dire,
Sur l'herbe tendre j'aime à les faire bondir.
Dans certains cas, je vais jusqu'à les botter mais
Dieu m'est témoin que je ne les pince jamais.
En me voyant venir, femmes, filles, fillettes,
Au fur et à mesure avec des cris aigus,
Courent mettre en lieu sûr leurs fesses trop douillettes,
Suivies des jeunes gens aux rondeurs ambiguës.
Quand une bonne soeur m'invite entre deux messes
A lui pincer la croupe infidèle à Jésus,
Pour chasser le démon qui habite ses fesses,
Je lui vide un grand verre d'eau bénite dessus.
En revanche, si la même enlevant son cilice
Et me montrant ses reins me dit : "J'ai mal ici :
Embrassez-moi, de grâce arrêtez mon supplice !"
Je m'exécute en parfait chrétien que je suis.
Quand me courant après, la marchande d'hosties
Me prie d'épousseter les traces que les doigts
Des mitrons ont laissées sur sa chair rebondie,
Je la brosse : un Français se doit d'être courtois !
Et quand, à la kermesse, un' belle pratiquante
M'appelle à son secours pour s'être enfoncé dans
Sa fesse maladroite une herbe un peu piquante,
Je ne ménage ni mes lèvres ni mes dents.
Cert's, un jour, j'ai pincé l'éminence charnue
A une moribonde afin de savoir si
Elle vivait encore : une gifle est venue
Me prouver qu'elle n'était qu'en catalepsie.
Enfin, si désormais quelqu'une de vos proches
Affirme en vous montrant son cul couvert de bleus,
Qu' c'est moi qui les ai faits, avec mes pattes croches,
En doute révoquez ses propos scandaleux.
Après avoir fait son devoir de mère,
Gorgé de lait notre dernier blanc-bec,
Ma femme constata, surprise amère,
Qu'il avait tété la mamelle avec.
Le coeur rongé, c'est le cas de le dire,
La malheureuse criait comme un putois.
Le lendemain, pour calmer son délire,
Je lui fis faire un nouveau sein de bois.
Imaginez le trouble qui fut nôtre
Quand ma femm' m'ayant demandé : "Dis-moi
Quel est le faux" je lui désignai l'autre,
Le vrai, celui qui n'était pas en bois.
Ivres de joie, nous ne pouvions comprendre
Qu' cett' ressemblance allait nous coûter cher,
Que nous allions bientôt pâtir de prendre
Le sein de bois pour le vrai sein de chair.
Une nuit, dans la conjugale couche,
Tourmenté par le démon de Vénus,
Je me jetai sur ma femme et, farouche,
Vous la fis mettre in naturalibus.
Lui promenant la main sur l'épiderme,
Je m'écrai, le coeur vibrant d'émoi :
"Oh mon amie, que votre sein est ferme !
- Ça se comprend, dit-elle, il est en bois."
Comme au cours d'une scène épouvantable
Elle m'avait bassement insulté,
Prenant un kriss qui traînait sur la table
J' fis l' simulacre de la poignarder.
Persuadé qu' c'était son sein postiche
Qui allait essuyer le choc du fer,
J'y vais d'une main ferme et le lui fiche
Jusqu'à la garde dans le sein de chair.
Un célèbre disciple d'Esculape
Lui ayant proprement bouché ce trou,
En quelques jours ma femme se retape
Et reprend son beau rôle de nounou.
Epouvanté par la frimousse étique
Du nourrisson, j'enquête et m'aperçois
Que si le pauvre gosse est squelettique,
C'est qu'ell' lui fait téter le sein de bois.
Ce fut l'ultime erreur la plus terrible :
Au cours d'un hiver extrêmement froid,
Nous avions brûlé tout le combustible
A l'exception du fameux sein de bois.
Ma pauvre femme alors, la mort dans l'âme,
Saisit un sein dans son corsage ouvert,
L'arrache et le jette en pâture aux flammes,
C'était naturellement le sein de chair…
Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Le petit cheval n'est pas mort
Dans le mauvais temps, Dieu merci.
Le bon soleil criait si fort :
Il fait beau, qu'on était ravis.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.
On comptait bien quelques pécores,
Quelques dindes à Montlhéry,
Quelques méchants, que sais-je encore :
Des moches, des mauvais esprits,
Mais qu'importe ? Après tout ; les morts
Sont à tout le monde. Tant pis,
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jours de ma vie.
Le curé allait un peu fort
De Requiem à mon avis.
Longuement penché sur le corps,
Il tirait l'âme à son profit,
Comme s'il fallait un passeport
Aux poètes pour le paradis.
S'il fallait à Dieu du renfort
Pour reconnaître ses amis.
Tous derrière en gardes du corps
Et lui devant, on a suivi.
Le petit cheval n'est pas mort
Comme un chien je le certifie.
Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.
L'habit de deuil jusqu'à présent
Ne se portait assidûment
Que chez l'personnel funéraire,
Les anciens croque-morts ordinaires.
Depuis qu' la vogue est au noirâtre,*
Dans les rues d' Saint-Germain-des-Prés,
Y a des croque-morts améliorés !
Il ne m'importe aucunement
Qu'on mène mon enterrement
Avec des croque-morts ordinaires
Ou bien leurs nouveaux congénères.
Mais le bruit court que des emplâtres
Ont un' peur bleue d'être enterrés
Par les croqu'-morts améliorés !
Et c'est pourquoi j'ai fait ce chant
Qui va permettre aux braves gens
De distinguer les funéraires,
Les anciens croque-morts ordinaires,
Des galopins un peu folâtres
Qui se mettent en deuil exprès
Les croque-morts améliorés !
Si le croque-mort s'en va sifflant
Les joyeux couplets à vingt francs,
C'est un honnête fonctionnaire,
C'est un croque-mort ordinaire.
Mais s'il écoute en idolâtre
Les
disques des be-bop cassés,
C'est un croque-mort amélioré !
* Aux alentours des années cinquante,
à Saint-Germain-des-Prés,
la mode voulait qu'on s'habillât en noir.
Si j'étais tout-puissant demain
Je n'irais pas par quat' chemins,
Et ferais passer par le fer
Tous les voisins de l'univers.
Dans un moment, quand vous saurez
Tout ce qu'ils me font endurer,
Vous direz en votre âme : "Il a
Raison d' vouloir être Attila."
Refrain
Les voisins sont tous des sal's types
Les voisins sont tous des sal's gens.
Ces gens auxquels je n'ai rien fait,
Auxquels je montre un tact parfait,
Passent leurs jours, passent leurs nuits
A me susciter des ennuis.
Ils possèdent un Mistigri
Qui croque toutes les souris,
Sauf les miennes bien entendu
Car ils le lui ont défendu.
(Refrain)
Mais en revanche il prend bien soin
De ne pas faire ses besoins
Ailleurs que sur mon paillasson,
Comme on lui en fit la leçon,
Et puis ils vont criant partout
Si je jett' la pierre au matou :
"Il met ça sur le dos du chat,
Mais c'est lui qui se soulagea !"
(Refrain)
Et dans tout le quartier bientôt,
Je passe pour un Hottentot
Qui s'acharne à souiller, souiller
Les paillassons mal surveillés.
Lors quand je vais déambulant,
Chacun me fait l'affront sanglant
De mettre au fur et à mesur'
Tous les paillassons en lieu sûr.
(Refrain)
Ma grand-mère âgée de cent ans
M'adore et vient de temps en temps
Faire un séjour en ma demeure.
Ils trouvent ça contraire aux moeurs,
Ils font entendre à mots couverts
Que je suis un affreux pervers,
Un incestueux garnement
Qui couche avec sa grand-maman.
(Refrain)
Et, comme pour les paillassons,
Tous les crétins à l'unisson,
Afin d'm'empêcher d'les violer
Mettent leurs grand-mères sous clef.
En outre, la société
Protectric' des vieux maltraités
Me combat de tout son pouvoir
Et m'inscrit sur sa liste noir'.
(Refrain)
Ayant un jour lavé mes pieds,
J'attendais la femm' d'un pompier,
Sûr d'abuser d'elle à huis clos.
J'avais compté sans ces salauds.
Comm' dans l' couloir il faisait nuit
Et qu'elle ne trouvait pas mon huis,
Elle alla tirer par erreur
Le cordon de mes dénigreurs.
(Refrain)
Ils lui répondent : "Ce citoyen
Habit' le taudis mitoyen,
Mais quand vous sortirez d' chez lui
Portez donc vos pas à Saint-Louis."
Alors ma visiteuse, à corps
Perdu, partit et court encor',
Et je dus convenir enfin
Qu' j'avais lavé mes pieds en vain.
(Refrain)
L'affair' ne se borna pas là,
De nouveau, tout l' monde en parla,
Et les sapeurs-pompiers d' Paris
Me clouèrent au pilori.
Ils retirèr'nt par précaution
Leurs femm's de la circulation
Et promir'nt d'être sans émoi
Si jamais l' feu prenait chez moi.
(Refrain)
Je passe ainsi pour un garçon
Qui s'oublie sur les paillassons,
Qui viole les vieilles grand-mèr's,
Qui contamine les pompièr's.
Maintenant que vous savez tout,
Vous donnez votre accord sans dou-
Te à mon zèle exterminateur
De cette bande d'emmerdeurs.
Et comme on n'en finirait plus
Permettez qu'ici je conclue
En sonnant encor' le tocsin
Contre l'engeance des voisins.
M'amie, en ce temps-là, chaque année au mois d'août,
Se campait sur la grève, et çà m'était très
doux
D'ainsi la voir en place.
Dans cette position, pour se désennuyer,
Sans jamais une erreur, ell' comptait les noyés
En suçant de la glace.
Ses aimables rondeurs avaient fait à la fin
Un joli petit trou parmi le sable fin,
Une niche idéale.
Quand je voulais partir, elle entrait en courroux,
En disant : "C'est trop tôt, j'ai pas fini mon trou ;
C'est pas le trou des Halles."
Près d'elle, un jour, passa superbe un ange blond,
Un bellâtre, un belître au torse d'Apollon,
Une espèce d'athlète.
Comme mue d'un ressort, dressée sur son séant,
Elle partit avec cet homme de néant,
Costaud de la Villette.
La volage, en volant vers ce nouveau bonheur,
Me fit un pied de nez doublé d'un bras d'honneur,
Adorable pimbêche !
J'hésite à simuler ce geste : il est trop bas.
On vous l'a souvent fait, d'ailleurs je ne peux pas
La guitare m'empêche !
J'eus beau la supplier : "De grâce, ma Nini,
Rassieds-toi, rassieds-toi : ton trou n'est pas fini."
D'une voix sans réplique,
"Je m'en fous" cria-t-elle "Et puisqu'il te plaît tant,
C'est l'instant ou jamais de t'enfouir dedans :
T'as bien fait "La Supplique" !"
Et je retournai voir, morfondu de chagrin,
La trace laissée par la chute de ses reins,
Par ses parties dodues.
J'ai cherché, recherché, fébrile jusqu'au soir,
L'endroit où elle avait coutume de s'asseoir,
Ce fut peine perdue.
La vague indifférente hélas avait roulé,
Avait fait plage rase, avait annihilé
L'empreinte de ses sphères.
Si j'avais retrouvé l'inestimable sceau,
Je l'aurais emporté, grain par grain, seau par seau,
Mais m'eût-on laissé faire ?
Si j'ai bonne mémoire, elle allait dégrafée ;
On comptait plus les yeux qu'elle avait pu crever.
Elle faisait du tort aux statues de l'antique ;
Elle était si prodigue à montrer ses appas
Que la visite au Louvre ne s'imposait pas.
Avec elle le nu devenait art plastique.
Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau,
Rendre à son piédestal la Vénus de Milo.
La belle dégrafée a changé d'esthétique,
Un vent de honte a balayé le pont des Arts,
Et les collets sont montés comme par hasard.
"Les jeunes filles d'aujourd'hui sont impudiques."
De la mode, naguère, elle ignorait le cours,
Invariablement, elle s'habillait court.
Elle aimait accuser le jeu de ses chevilles ;
Quand le vent s'en mêlait, c'était fête pour nous
On avait un droit de regard sur ses genoux,
Et l'on en abusait, je vous le certifie.
Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau,
Les jupes tout à coup sont tombées de bien haut.
La belle retroussée est devenue Sophie ;
A peine maintenant si l'on voit ses talons,
Quelle que soit la mode, elle s'habille long.
"Elles en font vraiment trop voir, les jeunes filles."
Et s'il avait fallu vêtir une poupée
Du soupçon de chiffon dont elle était nippée,
L'étoffe aurait paru tout juste suffisante ;
C'était rien, moins que rien, ça lui couvrait le corps
D'une seconde peau qui la rendait encore
Plus nue toute habillée et plus appétissante.
Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau,
Elle a de la tenue et flétrit le culot
De ces beautés du diable, ces adolescentes,
Qui, la robe collée sur leur peau de satin,
Ont l'air de revenir du faubourg Saint-Martin.
"Les jeunes filles d'aujourd'hui sont indécentes."
Cela dit, sans vouloir lui laver le chignon,
La bagatelle était son gros péché mignon.
L'amour était toujours pendu à sa ceinture.
Légère, elle a connu les mille et une nuits
De noce et son ange gardien, pauvre de lui,
Dut passer auprès d'elle une vie de tortures.
Mais les temps sont venus mettre une ombre au tableau,
Sous le pont des soupirs, il a coulé de l'eau.
La belle enamourée a changé de posture,
Maintenant qu'Adonis a déserté sa cour,
Que l'amour la délaisse, elle laisse l'amour
Aux jeunes filles d'aujourd'hui, ces créatures !
Jean rentre au village
Son père chercher,
Le cherche trois heures,
Où s'est-il caché ?
Mais un brave coeur lui dit :
Ton papa, pauvre petit,
Il est en hospice,
Le bon Dieu n'est pas gentil.
Jean va-t-en hospice
Son père chercher.
Le cherche trois heures,
Où s'est-il caché ?
Mais un brave coeur lui dit
Ton papa pauvre petit
L'est déjà-t-en morgue,
Le bon Dieu n'est pas gentil.
Jean s'en va-t-en morgue
Son père chercher,
Le cherche trois heures,
Où s'est-il caché ?
Mais un brave coeur lui dit
Ton papa, pauvre petit,
L'est déjà-t-en bière,
Le bon Dieu n'est pas gentil.
Jean s'en va-t-en bière
Son père chercher,
Le cherche trois heures,
Où s'est-il caché ?
Mais un brave coeur lui dit
Ton papa, pauvre petit,
L'est déjà-t-en route,
Le bon Dieu n'est pas gentil.
Jean s'en va-t-en route
Son père chercher,
Le cherche trois heures,
Où s'est-il caché ?
Mais un brave coeur lui dit
Ton papa, pauvre petit,
L'est déjà-t-en terre,
Le bon Dieu n'est pas gentil.
Jean s'en va-t-en terre
Son père chercher,
Le cherche trois heures,
Où s'est-il caché ?
Mais un brave coeur lui dit
Ton papa, pauvre petit,
L'est déjà-t-en cendres,
Le bon Dieu n'est pas gentil.
A voir le succès que se taille
Le moindre récit de bataille,
On pourrait en déduire que
Les braves gens sont belliqueux.
La guerre,
C'est sûr,
La faire,
C'est dur,
Coquin de sort
Mais quelle
Bell' fête,
Lorsqu'elle
Est faite,
Et qu'on s'en sort !
C'est un sacré frisson que donne
Au ciné, le canon qui tonne.
Il était sans nul doute d'un
Autre genre autour de Verdun.
Bien qu'on n'ait pas la tête épique
Au pays de France, on se pique
D'art martial, on se repaît
De stratégie en temps de paix.
"Allons enfants de la patrie",
A tue-tête, on le chante et crie.
Qu'on nous dise : "Faut y aller !",
On est dans nos petits souliers.
C'est beau, les marches militaires,
Ca nous fait battre les artères.
On semble un peu moins fanfaron,
Sitôt qu'on approche du front.
Les uniformes et les bottes,
Les tuniques et les capotes,
C'est à la mode, on les enfile
Très volontiers dans le civil...
A voir le succès que se taille
Le moindre récit de bataille
On pourrait en déduire que
Les braves gens sont belliqueux.
Chacun sait qu'autrefois les femm's convaincues d'adultère
Se voyaient enfoncer dans un endroit qu'il me faut taire
Par modestie…
Un énorme radis.
Or quand j'étais tout gosse, un jour de foire en mon village,
J'eus la douleur de voir punir d'une épouse volage
La perfidie,
Au moyen du radis.
La malheureuse fut traînée sur la place publique
Par le cruel cornard armé du radis symbolique,
Ah ! sapristi,
Mes aïeux quel radis !
Vers la pauvre martyre on vit courir les bonn's épouses
Qui, soit dit entre nous, de sa débauche étaient jalouses.
Je n'ai pas dit :
Jalouses du radis.
Si j'étais dans les rangs de cette avide et basse troupe,
C'est qu'à cette époqu'-là j' n'avais encor' pas vu de
croupe
Ni de radis,
Ça m'était interdit.
Le cornard attendit que le forum fût noir de monde
Pour se mettre en devoir d'accomplir l'empal'ment immonde,
Lors il brandit
Le colossal radis.
La victime acceptait le châtiment avec noblesse,
Mais il faut convenir qu'elle serrait bien fort les fesses
Qui, du radis,
Allaient être nanties.
Le cornard mit l' radis dans cet endroit qu'il me faut taire,
Où les honnêtes gens ne laissent entrer que des clystères.
On applaudit
Les progrès du radis.
La pampe du légume était seule à présent visible,
La plante était allée jusqu'aux limites du possible,
On attendit
Les effets du radis.
Or, à l'étonnement du cornard et des gross's pécores
L'empalée enchantée criait : "Encore, encore, encore,
Hardi hardi,
Pousse le radis, dis !"
Ell' dit à pleine voix : "J' n'aurais pas cru qu'un tel supplice
Pût en si peu de temps me procurer un tel délice !
Mais les radis
Mènent en paradis !"
Ell' n'avait pas fini de chanter le panégyrique
Du légume en question que toutes les pécor's lubriques
Avaient bondi
Vers les champs de radis.
L'oeil fou, l'écume aux dents, ces furies se jetèrent en meute
Dans les champs de radis qui devinrent des champs d'émeute.
Y en aura-t-y
Pour toutes, des radis ?
Ell's firent un désastre et laissèrent loin derrière elles
Les ravages causés par les nuées de sauterelles.
Dans le pays,
Plus l'ombre d'un radis.
Beaucoup de maraîchers constatèrent qu'en certain nombre
Il leur manquait aussi des betterav's et des concombres
Raflés pardi
Comme de vils radis.
Tout le temps que dura cette manie contre nature,
Les innocents radis en vir'nt de vert's et de pas mûres,
Pauvres radis,
Héros de tragédie.
Lassés d'être enfoncés dans cet endroit qu'il me faut taire,
Les plus intelligents de ces légumes méditèrent.
Ils se sont dit :
"Cessons d'être radis !"
Alors les maraîchers semant des radis récoltèrent
Des melons, des choux-fleurs, des artichauts, des pomm's de terre
Et des orties,
Mais pas un seul radis.
A partir de ce jour, la bonne plante potagère
Devint dans le village une des denrées les plus chères
Plus de radis
Pour les gagne-petit.
Cettain's pécor's fûtées dir'nt sans façons : "Nous,
on s'en fiche
De cette pénurie, on emploie le radis postiche
Qui garantit
Du manque de radis."
La mode du radis réduisant le nombre de mères
Qui donnaient au village une postérité, le maire,
Dans un édit
Prohiba le radis.
Un crieur annonça : "Toute femme prise à se mettre
Dans l'endroit réservé au clystère et au thermomètre
Même posti-
Che un semblant de radis
Sera livrée aux mains d'une maîtresse couturière
Qui, sans aucun délai, lui faufilera le derrière
Pour interdi-
Re l'accès du radis."
Cette loi draconienne eut raison de l'usage louche
D'absorber le radis par d'autres voies que par la bouche,
Et le radis,
Le légume maudit,
Ne fut plus désormais l'instrument de basses manoeuvres
Et n'entra plus que dans la composition des hors-d'œuvre
Qui, à midi,
Aiguisent l'appétit.
(par Pierre Louki ; paroles de Pierre Louki ; musique de Georges Brassens)
N'ayant pas connu l'amour depuis plus de vingt ans
J'avais, disons, le coeur en veilleuse.
Pourtant j'ai du sex-appeal et je suis bien portant,
Mais pas de Juliette pour autant.
Et voilà que dans ma vie tombent en même temps
Deux créatures ensorceleuses.
Mais deux à la fois c'est beaucoup pour un débutant,
Pardonnez si je suis hésitant.
Je n'sais pas
Si je dois baiser Charlotte
Ou embras-
Ser Sarah.
Charlotte a
De délicieuses culottes,
Sarah a de beaux bras.
Je n'sais pas
Si Charlotte sans culotte
Est mieux qu'Sa-
Rah sans bras.
Si c'est la
Culotte qui me pilote
Voyez mon embarras.
Je n' peux pas dire que je n'aime pas Sarah à cause des culottes qu'elle
n'a pas.
Mais j' peux pas soutenir de même que Charlotte ne me plaît pas
à cause des bras de Sarah.
Dans mon cas
Comment faire saperlotte ?
Si je choi-
Sis Sarah,
Dans ses bras
La culotte de Charlotte
Pour sûr me manquera.
Plus je rêve de cueillir ces fruits d'amour charmants
Et plus j'appréhende la cueillette.
Me faudra-t-il les honorer simultanément
Et comment m'en sortir autrement ?
Si je peux offrir mon coeur à chacune en donnant
Un ventricule et une oreillette,
Il est d'autres attributs que je ne puis vraiment
Détailler inconsidérément.
Je n'sais pas
Si je dois chasser Charlotte
Ou rembar-
Rer Sarah.
Que fera
La culotte de Charlotte
Si Sarah baisse les bras ?
Et si Sa-
Rah veut porter la culotte,
Qu'est-c' que Char-
Lotte dira ?
Car si Char-
Lotte a beaucoup de culottes,
Sarah n'a que deux bras.
Bien sûr Charlotte m'asticote, pour un coeur tant et tant de culottes,
tentation !
Oui mais Sarah est polyglotte, une polyglotte sans culotte c'est bien pour la
conversation.
Me faudra-
T-il me donner à Charlotte
Et Sarah
A la fois ?
Gare à moi,
Si deux souris me pelotent,
Je suis fait comme un rat.
Je n' sais pas
Si je dois baiser Charlotte
Ou embras-
Ser Sarah.
Charlotte a
De délicieuses culottes,
Sarah a de beaux bras.
(par Eric Zimmermann ; musique de Eric Zimmermann)
Sachant bien que même si
Je suis amoureux transi,
Jamais ma main ne les cueille
De bon cœur les fleurs m'accueillent.
Et m'esquivant des salons,
Où l'on déblatère, où l'on
Tient des propos byzantins,
J'vais faire un tour au jardin.
Car je préfère, ma foi,
En voyant ce que parfois,
Ceux des hommes peuvent faire,
Les discours des primevères.
Des bourdes, des inepties,
Les fleurs en disent aussi,
Mais jamais personne en meurt
Et ça plaît à mon humeur.
Le premier Mai c'est pas gai,
Je trime a dit le muguet,
Dix fois plus que d'habitude,
Regrettable servitude.
Muguet, sois pas chicaneur,
Car tu donnes du bonheur,
Pas cher à tout un chacun.
Brin d' muguet, tu es quelqu'un.
Mon nom savant me désol',
Appelez-moi tournesol,
Ronchonnait l'héliotrope,
Ou je deviens misanthrope.
Tournesol c'est entendu,
Mais en échange veux-tu
Nous donner un gros paquet
De graines de perroquet ?
L'églantine en rougissant
Dit : ça me tourne les sangs,
Que gratte-cul l'on me nomme,
Cré nom d'un petit bonhomme !
Eglantine on te promet
De ne plus le faire, mais
Toi tu ne piqueras plus.
Adjugé, marché conclu.
Les "je t'aime un peu beaucoup",
Ne sont guère de mon goût,
Les serments d'amour m'irritent,
Se plaignait la marguerite.
Car c'est là mon infortune,
Aussitôt que débute une
Affaire sentimentale,
J'y laisse tous mes pétal's.
Un myosotis clamait :
Non je n'oublierai jamais,
Quand je vivrais cent ans d'âge,
Mille ans et même davantage.
Plein de souvenance allons,
Cent ans c'est long, c'est bien long,
Même vingt et même dix,
Pour un seul myosotis.
Mais minuit sonnait déjà,
Lors en pensant que mes chats,
Privés de leur mou peuchère,
Devaient dire : "il exagère".
Et saluant mes amies
Les fleurs je leur ai promis
Que je reviendrais bientôt.
Et vivent les végétaux.
Car je préfère ma foi,
En voyant ce que parfois,
Ceux des hommes peuvent faire,
Les discours des primevères.
Des bourdesdes inepties,
Les fleurs en disent aussi,
Mais jamais personne en meurt,
Et ça plaît à mon humeur.
(par Bernard Lavalette)
Un chien caniche à l'oeil coquin,
Qui venait de chez son béguin,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Descendait, en s' poussant du col,
Le boulevard de Sébastopol,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Une midinette en repos,
Se plut à suivre le cabot,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Sans voir que son corps magnétique
Entraînait un jeune loustic,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Or, l'amante de celui-ci
Jalouse le suivait aussi,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,.
Et l' vieux mari de celle-là,
Le talonnait de ses pieds plats,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Un dur balafré courait sus
Au vieux qu'il prenait pour Crésus,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Et derrière le dur balafré
Marchait un flic à pas feutrés,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Et tous, cabot, trottin, loustic,
Epouse, époux, et dur et flic,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Descendaient à la queue leu leu
Le long boulevard si populeux,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Voilà que l'animal, soudain,
Profane les pieds du trottin,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Furieus' ell' flanque avec ferveur
Un' pair' de gifles à son suiveur,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Celui-ci la tête à l'envers
Voit la jalous' l'oeil grand ouvert,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Et l'abreuv' d'injur's bien senties,
Que j'vous dirai à la sortie,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Derrièr' arrivait le mari,
Ce fut à lui qu'elle s'en prit,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
En le traitant d'un' voix aiguë
De tambour-major des cocus.
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Le mari rebroussant chemin
Voit le dur et lui dit "gamin",
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
C'est trop tard pour me détrousser,
Ma femme vous a devancé,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Le dur vexé de fair' chou blanc
Dégaine un couteau rutilant,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Qu'il plante à la joie du public,
A travers la carcass' du flic,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas.
Et tous, bandit, couple, loustic,
Trottin, cabot, tous, sauf le flic,
Tortillant de la croupe et claquetant de la semelle,
Suivir'nt à la queue leu leu
L'enterrement du flic parbleu,
Tortillant de la croupe et redoublant le pas. (bis)
(par Pierre Louki ; paroles de Pierre Louki ; musique de Georges Brassens)
Quand la musique entra chez moi - que nul ne s'étonne -
J'avais, ça m'arrive parfois, le coeur à l'automne.
C'était un air en demi-teinte,
Mi-joie et moitié plainte.
Je lui ai dit : "Le temps est fou,
Le vent du dehors vous chiffonne.
Etendez-vous donc sur mon magnétophone
Et reposez-vous."
Je n'avais ouï de longtemps musique pareille.
Je n'en croyais en l'écoutant mes grandes oreilles.
Elle me dit : "J'ai quitté mon maître,
Un saut par la fenêtre.
Il me gardait depuis cinq ans
En me promettant des paroles.
J'étais nue et nue ça n'est pas toujours drôle.
J'ai foutu le camp."
Moi qui suis un peu parolier, jugez de l'aubaine.
"Je peux, dis-je, vous habiller. Oubliez vos peines.
Je sais les mots faits pour vous plaire
Et j'ai deux dictionnaires."
Elle répondit : "Va pour l'essai. Vous me paraissez brave type.
Lui aussi l'était mais il fumait la pipe,
Ca m' faisait tousser."
Et la mélodie envolée d'une autre guitare,
Avec mes mots s'est installée dans mon répertoire.
Et bien que je sois sans moustaches,
A moi elle s'attache.
Et les soirs où je me sens vieux,
Lorsque j'ai le coeur à l'automne,
Elle insiste un peu pour que je la chantonne.
Alors ça va mieux.
(par Marcel Amont ; musique de Marcel Amont)
Quand ell' passe avec ses appas,
Et qu'on ne la contemple pas,
On est un mufle un esprit bas,
Un vieux fossile.
Mais qu'on la dévore des yeux,
On est un pourceau malicieux.
Pour lui complaire, justes cieux,
C'est difficile.
Quand on ne lui fait pas la cour,
Pas le moindre galant discours,
On est un mufle sans recours,
Un vieux fossile.
Qu'on lui tienn' des propos flatteurs,
On est un fourbe, un séducteur,
Pour être juste à sa hauteur,
C'est difficile.
Quand on néglige de poser,
Sur sa bouche en coeur un baiser,
On est un mufle renforcé,
Un vieux fossile.
Qu'on aille lui sauter au cou
On récolte un' moisson de coups.
Pour faire une chose à son goût,
C'est difficile.
Quand, pétri de bons sentiments,
On l'aime platoniquement,
On est un mufle, un garnement,
Un vieux fossile.
Qu'on lui manque un peu de respect,
D'être un faune on devient suspect,
Avec elle pour être en paix,
C'est difficile.
Quand étant passé sur son corps,
L'on s'enfuit et l'on court encore,
On est un mufle de record,
Un vieux fossile.
Qu'on veuille vivre à ses côtés
Ell' crie : "vive la liberté".
Tomber juste à la vérité,
C'est difficile.
Quand elle attente à la vertu,
Qu'elle nous trompe et qu'on la tue,
On est un mufle, un être obtus,
Un vieux fossile.
Qu'on pardonne, on est à l'instant
Plat, vil, cocu, battu, content.
Pour n'être pas à contretemps,
C'est difficile.
Ceci dit, belles, je vous l'avoue
Le chemin qui mène vers vous,
J' le suivrai toujours tel un fou
Digne d'asile.
En vous faisant toujours crédit,
Car il est naturel pardi,
Que le chemin du paradis
Soit difficile,
Que le chemin du paradis
Soit difficile.
(par Marcel Amont ; musique de Marcel Amont)
Bien que je ne sois pas de la côte d'Adam,
Je vis seul sur la terre et c'est débilitant,
Débilitant.
Au sein de mon foyer, pas l'ombre d'un grillon,
Jamais le plus léger frou-frou de cotillon,
Un amour de p'tite Ève avec de longs cheveux,
Qui filerait la laine assise au coin du feu,
Qui partagerait ma joie et ma mélancolie,
Qui m'aiderait à faire et défaire mon lit.
Refrain
Personne pour m'aider à porter mon coeur gros ?
Le ciel n'aurait-il pas une petite Eve en trop ?
Personne pour m'aider à porter mon coeur gros ?
Le ciel n'aurait-il pas une petite Eve en trop ?
Une petite Eve en trop ?
Bien longues sont les nuits que l'on passe tout seul,
Le drap le plus douillet ressemble à un linceul,
A un linceul.
Et pour peu qu'on n'ait pas la nature d'un saint,
On se prend à rêver de la femme du voisin.
J'en ferai pas ma bonne et mon souffre-douleur.
Je ne la battrai pas, même avec une fleur,
Au plus de temps en temps, et sauf votre respect,
jusqu'à froisser sa robe je pousserai le toupet.
(Au Refrain)
J'ajoute à ce propos qu'il n'me déplairait pas
Qu'aux alentours du coeur elle eut quelques appas,
Quelques appas.
Quand les fruits du pommier ne sont plus de saison,
Heureux qui croque encore la pomme à la maison.
Par avance Seigneur je vous en remercie.
Donnez-moi vite une compagne, même si
De l'une de mes côtes il faut faire les frais.
Maintenant, j'en suis plus à une côte près !
(Au Refrain)
(par Christian Méry)
Mes pipelets sont corses tous deux,
J'eus tort en disant devant eux,
Que Tino et Napoléon
Jouaient mal de l'accordéon.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Fermement résolus d' se venger,
Mes compatriotes outragés,
S'appliquèrent avec passion
A ternir ma réputation.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Leurs coups de bec eurent c'est certain,
Sur mon lamentable destin,
Des répercussions fantastiques,
Dépassant tous les pronostics,
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
M'étant un jour lavé les pieds,
J'attendais la femme d'un pompier,
Sûr d'abuser d'elle à huis-clos,
J'avais compté sans ces ballots.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Comme dans le couloir il faisait nuit,
Et qu'elle ne trouvait pas mon huis,
Elle s'adressa funeste erreur,
A ma paire de dénigreurs.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Ils répondirent : cet espèce de con-
Tagieux là, demeure au second,
Mais dès que vous sortirez de chez lui,
Courez à l'hôpital Saint-Louis.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Alors ma visiteuse à corps
Perdu, partit et court encore,
Et je dus convenir enfin
Que je m'étais lavé les pieds en vain.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Mis au fait, les pompiers de Paris,
Me clouèrent au pilori.
Ils retirèrent par précaution
Leurs femmes de la circulation.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.
Et tout ça, tout ça, voyez-vous
Parce qu'un jour j'ai dit à ces fous,
Que Tino et Napoléon
Jouaient mal de l'accordéon.
Vendetta, vendetta,
Vendetta, vendetta.