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Le mariage - la guerre Jonas partit à la guerre. Toute la fin 1939 et le début 1940, il écrivait régulièrement à Yvette. Et Yvette lui répondait. Il ne se passait rien sur le front. C’était « la drôle de guerre » comme on disait… La mère de Jonas mourut. Il fallut l’écrire à Jonas. Elle rajouta quelques mots de réconfort à la lettre de son beau-père. Cette mort fut une délivrance pour la vieille femme et pour son mari qui s’était ruiné en médicaments. Et la drôle de guerre continuait. Il ne se passait rien. Il ne se passait tellement rien qu’en février1940 Jonas eut l’idée de se marier. Il eut quelques jours de permission pour aller à Alger. Permission qu’un oncle de Jonas, officier réserviste, réussit à allonger à une semaine entière. Ils se marièrent. Peu de couples avaient le courage (l’insouciance ?) de se marier à ce moment. Mais ils le firent. Le père Hazan avait pris à part Jonas : « Dis-moi, tu vas pas faire un petit orphelin, hein ? » Sacré père Hazan ! Toujours le mot pour rire. Et délicat, avec ça ! Mais ça ne fait rien. Ils avaient fait attention. Pas de bébé pour l’instant. La belle semaine que voilà. Mais elle est vite finie, et il faut retourner au front. Puis un matin de 1940, les Allemands attaquèrent. Jonas eut de la chance. Il ne mourut pas, il fut fait prisonnier. Cette période fut très difficile pour Yvette. Les lettres arrivaient par l’entremise de la Croix Rouge. Jonas cachait le fait qu’il était juif. Il raconta qu’il s’était fait un très bon ami, un certain Roger Temin, un juif d’Alger, marié à une Simone qui habitait Alger. Yvette fit la connaissance de Simone qui avait déjà un enfant, un garçon. Elles se lisaient les lettres de leurs maris. Cela doublait la correspondance. Yvette prit contact avec la Société Générale de
Surveillance où travaillait Jonas. Elle y fut embauchée, ce qui
lui permit d’aider son beau-père à élever les deux
garçons. Mireille se maria. Quelle dure période que voilà.
Colis envoyés en Allemagne avec des produits achetés au marché
noir, lettres caviardées par la censure… Et enfin, l’armistice ! Des moments de pur bonheur ! Celui de la déclaration de la fin de la guerre, où ils sablèrent le champagne à la SGS. Et surtout, surtout celui du retour !!! Il l’avait imaginé, ce retour, Jonas ! Doué comme il l’était pour le dessin et les travaux manuels, il l’avait gravé dans une planche en bois. Encastré de fil en fer des boites de conserve. Le tableau devait trôner toute leur vie dans leur salon… Un grand moment de pur bonheur, un souvenir inoubliable, ce quai du port d’Alger…
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Rina Ketty - J'attendrai | |||