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L'Algérie de Jacky
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Yona, pas Jona !

Le temps de la retraite arriva. Une bonne retraite bien méritée.

Avec l’âge, on se rapproche de la religion. Comme beaucoup, Jona alla à la synagogue. Celle de son fils. Car son fils était religieux. Ils avaient été obligés, avec Yvette, de rendre la maison cachère pour recevoir la famille de son fils. Il allait donc à la synagogue. Le shabbat, on devait aller à pied. Pas de voiture, pas de transport en commun. C’est interdit. Et la synagogue était loin, quand même. Et c’est à celle-là qu’il voulait aller, parce qu’il voulait voir son fils. Mais bon… Alors, il prenait le bus. Et il descendait un arrêt trop tôt. Pour marcher un peu quand même. Au cas où des fidèles le verraient arriver…

C’est donc à la synagogue qu’il apprit que pendant soixante-dix ans, il s’était fait appeler « Jona » mais qu’en fait, son prénom se prononçait Yona. « Yona  ». « La colombe » en hébreu. La colombe, symbole de la paix. La paix, lui qui avait fait huit ans de soldat ! Il se mit enfin à aimer son prénom. « Yona » Le nom d’un prophète. Yona en hébreu, Jonas en français. Qui avait passé trois jours dans le ventre d’une baleine. Yona ne savait pas si c’était plus dur de passer trois jours dans une baleine ou huit ans à l’armée, dont cinq de captivité. Une fois par an, on commémorait le prophète Jonas. Et tous les fidèles se tournaient vers lui en lui souriant et en prononçant son nom : « Yona » C’est vrai qu’il était devenu le doyen… C’est vrai que tout le monde l’aimait.

Non, mais la meilleure vint encore plus tard.

Vous êtes prêt ? Asseyez-vous.

Lors d’un examen de routine, on lui apprit qu’il n’avait qu’un rein. Un seul rein. UN SEUL REIN. UN SEUL REIN. De naissance.

Vous savez, on vit très bien avec un seul rein. Et en plus, c’est un cas de réforme du service militaire. Vous avez bien entendu ? Un cas de réforme du service militaire !

UN CAS DE REFORME DU SERVICE MILITAIRE !

Oui. Quand on naît avec un seul rein, on ne fait pas l’armée.

Oui. Quand on naît avec un seul rein, on ne fait pas la guerre.

Oui. Quand on naît avec un seul rein, on n’est pas prisonnier de guerre.

Le destin...

 

 

Edith Piaf - Rien De Rien