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Un train de la Shoah Dans les divers commandos de travail dont il a fait partie, il y eut cette usine d'armement, dont il nous racontait, en rigolant encore, les petits ennuis que la chaîne de fabrication avait. Il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas, toujours quelque chose de travers, au point que les Allemands en vinrent à prononcer le mot de sabotage. « Sabotage ? Oh non ! On essaie de bien faire, mais regardez ce boulon qui est allé se fiche tout seul dans l'engrenage. Plus rien qui tourne maintenant... » Et en racontant ça, des années après, il en riait encore ! Mais ce qu'il racontait avec beaucoup d'émotion, c'est un jour où ils travaillaient à l'extérieur, près de la voie ferrée, ils virent s'arrêter un train. Un train de bestiaux, mais plombé. A l'intérieur, des voix ; des lucarnes, des mains et des bras. Malgré les ordres des allemands, les prisonniers s'approchent ; quelques-uns jettent du pain à travers les lucarnes aux malheureux. Puis de dedans le wagon une voix cria : « Shéma Israel ! » Schéma Israel sont les premiers mots du « credo » juif. « Shéma Israel, Adonaï élohénou, Adonaï Eh'ad ! », « Ecoute Israel, Adonaï est notre Seigneur, Adonaï est Un ! » Et Jona cria « Shéma Israel ! » Et en racontant ça, des années après, il avait toujours les yeux humides...
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Max Bruch - Kol Nidrei | |||