Jo - Vy

L'Algérie de Jacky
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Yvette arrive

Jona grandissait.

A la fin de la guerre, un an après même, en décembre 1919, la voisine du quatrième accouchait d’une fille. Cela n’avait eu aucune importance dans la journée de Jona, 5 ans. Mais cette fille, Yvette, sera sa femme pendant soixante-deux ans. Yvette ou Vy. Jona et Yvette. Jo/Vy. Mais n’anticipons pas.

Jona grandissait et son caractère s’affirmait.

Un mauvais caractère comme on dit. Colérique et volontaire.

Ca chauffait avec ses parents. Le père Jacob n’était peut-être pas une armoire, mais il avait de l’autorité.

Il était nerveux et colérique.

Et comme Jona refusait beaucoup de choses, les coups de ceinture pleuvaient souvent. Jacob attachait Jona au pied du lit et en avant les coups de ceinture !

Faut dire aussi que Jona crânait : « Même pas mal ! »

Une fois même, son père l’avait laissé attaché sur son lit après les coups de ceinture. Ca avait duré des heures lui semblait-il. Mais comment savoir le temps exact de cette punition ? Comment peut-on mesurer le temps dans la tête d’un petit garçon en colère ?

Jona grandissait et il allait à l’école. Il adorait l’école. Il était fort. Il était bon. Toujours le premier à trouver la solution des problèmes. Toujours le premier à finir ses exercices. Et justes bien sûr. Alors il en profitait pour embêter les copains et mettre le désordre dans la classe. Car c’était un gosse indiscipliné, même à l’école. Alors le maître avait trouvé une parade. Quand il donnait des exercices à faire à la classe, il en donnait deux de plus à Jona pour qu’il lui fiche la paix. Jona en était fier. C’était un « deal gagnant-gagnant » comme disent les politiques du XXIème siècle. Mais n’anticipons pas.

Jona grandissait et il était gaucher. C’était plus fort que lui, il tenait naturellement le porte-plume de la main gauche. Et le maître lui donnait un coup de règle. Et oui, on n’était pas gaucher à l’époque. C’était interdit. Alors Jona tenait son porte-plume de la main droite et essayait d’écrire. C’était difficile. Des fois, automatiquement le porte-plume revenait à la main gauche. Et alors, automatiquement, le coup de règle arrivait. C’est comme ça que Jona devint un faux droitier et un gaucher contrarié. Il avait acquis la précision dans la main droite mais il avait gardé la force dans la main gauche.

Jona grandissait et la famille grandissait aussi. Une sœur, Mireille puis deux frères, Edgard et Edouard, vinrent lui tenir compagnie. La famille avait recueilli une sœur de sa mère, Marie, sourde et muette. Sourde et muette mais pas feignante. Elle aidait au ménage. Enfin, plus qu’aidait. Elle en faisait une bonne partie. Et puis après, elle était devenue aveugle. Vous vous rendez compte ? Il y en a qui n’ont pas de chance, hein ? Et ben, croyez-le ou pas, même aveugle sourde et muette, on la mettait devant la vaisselle, et elle la faisait ! Etonnant, non ?

Jona grandissait et il arriva à la fin de l’école primaire. Il passa le certificat d’étude. Le Certif, ça s’appelait. Bien sûr, il le réussit brillamment. Et bien sûr le maître voulut qu’il continue. Mais pas question. Le père Jacob s’y opposa violemment.

On avait besoin d’argent à la maison.

Alors Jona se mit au travail.

A quatorze ans.

C’était le plus courant à l’époque.

 

 

Bob Azzam - Mustapha