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Les années veuvage Nouvel éclair. Le jour où sa vie bascula, ce fut ce jour de février 2002. Après vingt-huit de retraite bien méritée, Jonas était parti. En deux jours. Le jeudi, ils étaient allés faire des courses au supermarché. Le vendredi, il se sentait mal. Il était resté couché, mal en point. Le samedi, il n’était pas parvenu à se réveiller. Il délirait. Elle appela les enfants, le médecin. Jonas partit en urgence à l’hôpital, emmené par les pompiers. Le dimanche matin, il n’était plus là. Sa sœur Lucia vint d’Israël rester avec elle un mois. Cela lui permit de passer le premier cap. Ensuite, il fallut s’organiser. Les enfants venaient la voir souvent. Ils lui faisaient les courses. Elle cuisinait. Oh, pas grand-chose. Elle prit la viande en horreur. Le poisson de moins en moins. Des œufs parfois et surtout des légumes. Beaucoup de légumes. Vapeur souvent. Ou alors avec une pointe de paprika et de cumin. En « dersé » comme sa mère faisait. Et la vie passa. Doucement. C’est vrai qu’elle mangeait de moins en moins. Mais elle avait toujours le courage d’escalader la baignoire pour prendre sa douche quotidienne. Elle lavait son linge dans sa machine. Une femme venait une fois par semaine pour le gros ménage. Et puis, et puis le temps passa. Elle devenait vraiment très âgée. A quatre-vingt-quinze ans, elle se rendait compte que tout lui devenait difficile. Et là, une lettre arriva. Son propriétaire de Paris mettait l’appartement en vente. Elle était mise à la porte ! Que faire ? Elle avait peur d’aller en maison de retraite. Alors, elle alla habiter chez Charles et Nelly. Ceux-ci lui laissèrent leur grande chambre, emménagèrent la salle de bain, remplaçant la baignoire par une douche à l’italienne. Elle eut de nouveau de belles années. Elle allait de temps en temps passer une semaine chez Jacques et Edith ou chez Bernard et Marie. Ce furent à nouveau de belles années.
Mais le temps devenait long parfois.
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Enrico Macias - ma maison | ||||